Canyons XXL

Déjà 9 jours aux États-Unis, il a fallu s’adapter à beaucoup de choses, ces ricains ne font rien comme les autres (à moins que ce soit nous ?!?). Même si parfois, on commence à comprendre pourquoi on laisse tourner le moteur de la voiture sur le parking, ne serait-ce que pour alimenter la climatisation !

D’abord le passage à l’anglais est une vraie douleur, je ne comprends absolument rien alors que j’avais l’impression de maîtriser l’espagnol (ok, Carolina, j’exagère un peu !). Rien qu’aujourd’hui, au supermarché, une retraité me tape la discussion pendant 15 minutes parce qu’elle a flashé sur mon tee-shirt … pendant que Jérôme et Noah me cherchent partout. Je vis un grand moment de solitude.

Le rythme du voyage a changé, les trajets en voiture et les visites de parc s’enchaînent, ce qui nous demande de l’organisation pour définir les itinéraires, trouver des campings dont certains sont complets jusqu’à six mois à l’avance, et organiser des activités pour tous les goûts. Noah semble bien encaisser les longs trajets, il ne rechigne pas devant les randonnées et dort comme un bébé sous une tente. De mon côté, je me régale sur la route au volant de la Santa Fé et j’ai pour le moment réussi à ne pas me faire poursuivre par les grosses voitures des patrouilles routières !

Autre point plutôt amusant, la conversion des km en miles, des litres en galons, des mètres en pieds, des Celsius en Fahrenheit, … Autant de gymnastique en calcul mental que Noah se régale à nous imposer à longueur de journée.

Après notre passage à Las Vegas, direction le parc national de Zion, planté au milieu du désert avec ses roches rouges escarpées. C’est sûrement l’endroit le plus touristique que nous ayons visité, avec un public composé essentiellement de familles américaines et de quelques touristes étrangers. Beaucoup de randonnées sont proposées mais la chaleur nous envoie directement vers la principale attraction du parc, la seule qui soit ombragée : la remontée du lit du canyon les pieds (voir le nombril) dans l’eau. On se retrouve tel un banc de pingouins qui se jette de la banquise, naviguant avec nos sandales sur les galets glissants. Heureusement, plus on avance dans le canyon, moins il y a de monde. Certains passages sont étroits, d’autres profonds, les couleurs des roches ou de l’eau évoluent avec l’exposition du soleil. C’est un vrai bonheur de marcher dans ce canyon, alors que la région vit un épisode exceptionnel de canicule dépassant les 40 degrés.

On laisse les paysages secs et désertiques, les cactus et les crotales invisibles, les petites bourgades d’indiens autochtones, les falaises rouges ocres et les longues lignes droites infernales, pour grimper sur un plateau plus vert, avec de belles forêts qui bordent la route, malgré les ravages encore visibles d’un feu sur des milliers d’hectares. Nous sommes au nord du Grand Canyon, et après le contrôle de l’entrée du parc, un splendide troupeau de bisons nous souhaite la bienvenue sur une prairie verdoyante. Notre camping du soir est au coeur des pins, notre emplacement frise les 300m2, avec un accès privatif en bitume, une table de pique-nique et un espace BBQ … c’est loin des standards européens ! Pendant deux jours on enchaîne les randonnées à 2500 mètres d’altitude. Entre deux rencontres avec des biches, ces marches nous offrent des vues exceptionnelles sur les 4 strates retraçant 6 millions d’années d’activités géologiques et d’érosion qui ont construit le panorama. Le Grand Canyon, c’est 1.5 km de profondeur, une gorge qui mesure de 500 m à 30 km de large avec en son fond la Colorado River serpentant sur 445 km. Autant vous dire que lors d’un coucher de soleil, perchés sur un rocher escarpé et les pieds au bord du vide, on se sent minuscule dans ce décor hors norme.

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