Prochain arrêt …

… Aéroport du Kansai
Je ne comprends pas. Un avion ça atterrit sur la terre non ? Par le hublot je ne vois que de l’eau à perte de vue alors qu’on descend. Je commence à angoisser un peu : un avion ça flotte ? J’aurai le temps de récupérer mes brassières ? J’en étais où de mes leçons de natation en Crète ? Et puis … au bout du doigt de Maman, au travers du hublot, là-bas, une île. Qui grossit, mais si lentement. L’avion tangue un peu à gauche, puis un peu à droite. Il va finir par toucher l’eau avec ses ailes ! Et puis un grand bruit sourd. Je ferme les yeux : j’attends que les mollusques viennent me chatouiller le bout des pieds et les crabes me pincent les fesses. « On est arrivé Noah ! » me souffle Maman à l’oreille. J’ouvre les yeux : dites moi, ils ont une drôle de tête les poissons ici.

… Osaka
Il faut que je me dégourdisse les jambes. Ici c’est pas comme au Vietnam. Il y a des trottoirs, des vrais, où je peux courir. Et puis plein de gens à dépasser. Pas facile car ils ont l’air pressé. Alors je me lance, je zigzague entre les attachés cases et les tailleurs sans pli. Je double et je redouble. Et même quand ils se mettent à courir, je cours plus vite qu’eux. Il faut dire qu’ils n’ont pas très bien compris comment courir, ici. Ils ne lèvent jamais les genoux, penchent le corps en avant et donnent toujours l’impression de poser le pas suivant pour éviter de tomber par terre. Maman m’a bien expliqué que c’était leur manière de courir, et que cela ne les empêchait pas de compter parmi eux de grands marathoniens. En tout cas, pour l’instant, au Japon le champion c’est l’ mouflon !

… Himeji
C’est un des trésors nationaux du Japon. Le grand château blanc d’Himeji, qui a vu passer des siècles et des seigneurs. J’étais donc tranquillement en train de passer le temps au pied de ses murailles, courant après un petit garçon qui hurlait devant ma ténacité et mon air diabolique, quand une ombre est passée derrière moi. « Ninjaaaaaaa » l’ombre s’est mise à crier. Et elle m’a agité son shuriken en mousse sous le nez pour me faire peur. Je me suis retourné vers lui, l’air impassible. Pfff … le folklore et ses traditions. J’ai failli le prendre la manche et lui lancer mon uchi-mata favori. Mais une petite voix m’a dit à l’oreille : « Maîtrise tes émotions, joue comme les petits Japonais l’indifférence cordiale ». Je lui ai souri et j’ai posé pour la photo. Petit ninja, petit ninja … si on se retrouve je te croquera.

… Fukuoka
Maman et Papa ont une carte, le Japan Rail Pass, une sorte de laisser-passer qui nous permet de prendre autant de fois le train qu’on le veut. Du coup, le train, c’est un peu devenu notre seconde maison. Là on vient de sortir de 2h30 de Shinkansen. On a embarqué à Osaka, on débarque à Fukuoka. 625 km plus loin. Comment dire ? Ca décoiffe la mèche blonde.
Et moi le cheminot de coeur, je nage en plein bonheur : avec sa vitesse, ses formes changeantes, ces couleurs bigarrées, sa ponctualité et son confort, le train japonais c’est définitivement ma madeleine de Proust. Une chose bizarre quand même : derrière leur baie vitrée, les conducteurs de train gesticulent sans cesse devant leurs panneaux et parlent tout seuls pendant qu’ils conduisent !?! Z’ont l’air timbrés ces japonais.

… Miyajima
Quand Papa et Maman promettent une randonnée, il faut comprendre que cela sera d’un autre niveau que la base quotidienne des 3 à 4 heures de marche. Aujourd’hui on a pris un bateau pour une petite île avec une montagne de 500 mètres plantée en son milieu. 2000 marches bien hautes, des forêts, des ruisseaux, des temples, des cailloux et enfin une récompense : une vue à 360° sur la côte et un téléphérique qui vole au dessus des arbres pour redescendre tout en bas. Et pour la première fois, arrivé tout en haut, j’ai dit à Maman que j’avais mal aux jambes. Ca m’a duré deux jours. Moi qui croyais que c’était un truc réservé aux vieux …

… Beppu
« Beppppuuuuuuuuuuuu ! Beppppuuuuuuuuuuuu ! ». La conductrice du train annonce la station. En ce jour froid et pluvieux, Maman nous a promis des bains chauds dans une station thermale des pentes du volcan Aso. Ici, partout où on tourne la tête, il y a des mares, des rouges fumantes, des vertes frémissantes, des marrons effervescentes, des bleues bouillonnantes, toutes trop chaudes pour qu’on puisse y mettre un doigt. Mais chat échaudé n’abandonne pas si facilement : on a finalement trouvé un petit onsen (bain) privé où on a pu enfin se mettre en famille dans une eau à 46° … et moi lancer mon cri de ralliement préféré « Tous à poil tout nus dans la piscine !!! ».

… Sakurajima
Mes parents ne cessent de parler de volcans, ce sont des vrais fans, surtout Papa qui aime bien me raconter ses ascensions. Je lui ai donc demandé à quoi ils ressemblaient ces volcans : une grosse bête imprévisible il m’a dit. Il y en a des endormis, d’autres très réveillés ; certains qui sifflent voire grondent, d’autres qui ronronnent ; ils peuvent être orange comme le feu, ou gris comme la suie ; certains sont recouverts de neige, d’autres plein de roches noires ; il y en a qui ressemblent à de vulgaires tas de cailloux, d’autres à des cônes parfaits … Et au bout de tout ça, sur le pont du bateau qui nous amenait à l’île du volcan Sakurajima, on a découvert qu’un épais panache de fumée sortait de son cratère. La bête était réveillée, et moi je n’étais pas franchement rassuré.

… Hiroshima
J’aime bien les grands parcs naturels. Surtout quand ils sont en pleine ville. Hiroshima, c’est tout simplement génial pour ça : de l’herbe, de l’eau, des arbres et des oiseaux en plein coeur de la ville de béton. J’ai demandé à Papa pourquoi ce n’était pas comme ça dans toutes les villes qu’on visitait. Papa m’a répondu qu’une très grosse bombe était tombée ici il y a longtemps, juste à l’endroit où on se trouvait, et cela avait tout fait tomber autour. Du coup, les gens avaient décidé de faire un jardin ici, comme un sanctuaire, pour ne pas oublier que l’homme fait des bêtises. J’ai trouvé que c’était une jolie fin à l’histoire : partout où on a fait une bêtise, il faudrait rendre à la nature ce qui lui appartient.

Un Commentaire

  1. Inès et maylis

    Coucou, surtout à noah !! On adore suivre votre voyage, surtout les photos, c’est plus facile à comprendre. On pose plein de questions. On aurait voulu être dans le train avec noah et on voudrait savoir si noah a eu peur du ninja noir (maman a un peu de retard…) . Berga il faut que tu mettes des vidéos en tant que chef vidéo désignée (ordre d’inès) …continuez à nous faire vivre votre liberté , on en a bien besoin en ce moment…gros bisous à vous tous et, cela va sans dire, surtout à noah

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