NOTRE PARCOURS ENTRE TERRE ET MER
Ca y est, on a quitté la Slovénie, nos coeurs remplis d’affection pour nos trois derniers hôtes si différents mais tous généreux et attachants. Direction la Croatie, pays incontournable, pour la beauté et la diversité des paysages, mais pas toujours très recommandé par les cyclistes : pas de route pour les vélos, beaucoup de trafic sur la côte, un tourisme qui a fait gonfler les prix ces dernières années, du vent et des reliefs parfois très contraignants, avec des dénivelés importants sur le continent… donc tout ça dépend beaucoup de la période, du climat et de la forme générale des troupes !
Notre arrivée à Rijeka par le nord nous offre une vue imprenable sur la mer et les premières îles ; le soleil met en valeur toutes les nuances de couleur de la Mer Adriatique. J’ai les yeux qui pétillent, mon corps capte la chaleur, un sourire béat persiste sur mes lèvres à un tel point que Noah me dit « Pourquoi tu souris maman ? » … à croire que je n’ai pas souri depuis des lustres ! J’insiste auprès de Jéjé pour continuer jusqu’à l’île de Krk. Ok, le camping **** nous coûte un bras, mais pour moi c’est comme des vacances dans nos vacances : climat méditerranéen, camping en bord de mer, poissons dans l’assiette et pourquoi pas baignade !
La traversée de l’île de Krk n’est finalement pas l’extase, le ciel couvert et la dense végétation ne nous offrent pas des vues à couper le souffle ; mais les routes secondaires nous permettent de visiter des villages perchés où des villas en pierre et avec piscine se cachent entre les oliviers. Le centre historique de la ville de Krk est agréable avec ses petites ruelles qui grimpent et son château fort, point central du tourisme de l’île.
Le jour suivant, Jéjé nous a concocté un challenge de marathonien : deux îles, 80 km à vélo, trois ferrys (qui feront le bonheur de Noah) et bien sûr du dénivelé ! On accoste sur l’île de Rab par le nord, le paysage me frappe de plein fouet : le côté Est est pelé, rocailleux et sec alors que le côté Ouest est moins hostile, avec davantage de végétation, d’animaux et d’habitations. Les vents du continent semblent avoir sculpté certaines îles, à ne laisser aucune âme qui vive sur une face et concentrer toutes les activités sur l’autre.
Le second ferry nous ramène un temps sur la terre ferme où la chaîne montagneuse Velebit (1200 à 1700m) laisse peu d’espace entre elle et la mer, juste assez pour une route sinueuse et fréquentée par les motards. Les quelques villages sont 300 mètres en dessous, collés à la mer, avec un accès à vélo bien raide.
Et nous voilà sur l’Est de l’île de Pag, le paysage est totalement fou, un mélange entre la lune, le désert d’Atacama et la pampa argentine. Rien ne peut pousser ici, on se demande pourquoi ils se sont acharnés à faire des petites parcelles séparées de murs en pierre pour y cloîtrer de pauvres moutons qui broutent des cailloux… espérons pour eux que le printemps est plus clément ! Des oliviers et des vignes survivent côté Ouest, où de nombreuses plages accueillent campings et activités nautiques : on y trouve notre bonheur avec Nono : plages, bateaux, baignades, jeter de cailloux ! Et puis il y a la ville de Pag, posée entre trois récifs qui se reflètent dans un bras de mer, un décor magnifique qui me coupe le souffle.
Nous passons les trois jours suivants sur le continent, l’occasion de mieux se rendre compte de la vie à l’intérieur des terres : beaucoup de vignes protégées par des petits murs de pierre, la pleine saison de récolte des olives, la vente de mandarines, d’ail et de vins en bord de route. On visite également des villes séduisantes par leurs centres historiques et leur côté paisible : Zadar, Sinebik, Trogir.
Au départ, je ne sentais pas mon Jéjé très séduit par la Croatie, mais depuis quelques jours, il s’émerveille sur l’étendue de la mer, sur la beauté des paysages et sur les opportunités de changer radicalement notre aventure. A chaque balade dans les ports ou en bord de mer, je vois bien qu’il n’a d’yeux que pour les voiliers – il est à deux doigts de jeter les vélos, tendre le pouce format « bateau-stop » et partir vers cette inconnue bleue tel un marin landais ! J’essaie de le convaincre que ce n’est pas l’objectif de notre voyage, que je ne suis toujours pas motivée pour vivre dans un espace aussi réduit qu’un voilier, sans sortie de secours, au gré des vents, à ne pas savoir comment occuper notre Nono-pirate … mais je sais bien que ce n’est que partie remise pour ce doux rêve qu’il porte en lui depuis un moment.
ON Y FAIT QUOI ?
Depuis une vingtaine d’années, le tourisme s’est beaucoup développé – plus de 14% du PIB aujourd’hui. Du coup pour nous, le coût de la vie, notamment sur la côte, est plus élevé que dans les précédents pays : produits alimentaires, hébergements, transports en bateau. Notre réseau d’hébergement de cyclos n’est pas très performant en Croatie, cela manque d’hôtes ; on est obligé de trouver d’autres solutions. Les possibilités d’hébergement chez l’habitant sont heureusement nombreuses et assez attractives, souvent au même prix que le camping qui lui est cher – il faut dire que hors saison, seuls quelques campings 4 à 5 étoiles restent ouverts. Côté nourriture, on se fait la popote nous même, les restaurants sont assez onéreux et ne proposent rien qui nous séduit – on aspire à mieux en Grèce !!! Côté production locale, les valeureuses brebis des îles arrivent quand même à produire du lait, dont le fromage est excellent. On a également dégusté les bières locales plutôt convaincantes, le vin rouge peu tonique et bientôt le blanc lors de notre traversée de l’île de Korcula !
LA TRADITION DU COIN
Certains locaux se prennent pour Sébastien Loeb, au volant de Mini cooper, Twingo ou Fiat 500, reboostées pour doubler en pleine montée des berlines allemandes ! Même s’ils ont tendance à « bombarder » sur les petites routes de campagne, et être parfois un peu agressif en ville, le trafic finalement allégé (on n’est plus en haute saison) nous permet de se sentir moins à l’étroit sur la route. Juste quelques émotions à l’entrée des grosses villes où, à l’arrière de notre convoi, je serre les fesses aux passages de certains bus ou camions alors que Jéjé ne semble pas remarquer les perturbateurs.
Ah oui, autre particularité : les maisons des futurs / nouveaux mariés sont empaquetés de noeuds et rubans tel des oeufs de pâques, c’est assez kitsch pour le coup.
Pour résumer, une bonne étoile (ou plutôt un joli soleil) nous offre un climat idéal pour apprécier voire ronronner sous un soleil radieux et peu de vent. Dans ces conditions, le temps semble passer à folle vitesse, mais on profite tous les trois de chaque instant avant l’arrivée de l’automne, heu pardon de l’hiver !