Ou comment écrire notre histoire dans ce pays en chanson …
Comment te dire …
La Slovénie, c’est le pays où les voyelles sont chères. On peut en juger par les panneaux de village traversés : Negastrn, Brdo, Dobrnez, Spodnje, Zgornja, Vrbje, Podvrh, Trnovce, Vrh na Krasnjo, Strmca, Trnje … Et quand ça paraît plus simple à prononcer, il y a des pièges : on demande où se trouve « Celje », prononcé comme l’orthographe française l’indique, notre interlocuteur finit par nous répondre après un temps de réflexion : » Sailié ? ». Oui, c’est cela, oui. Grrrrr.
Ma Benz
On n’est certes pas en Suisse, mais les Slovènes ne semblent pas dormir sur la paille : de belles et grandes maisons, bien entretenues, des jardins bien taillés, des voitures quasiment neuves un peu partout, les modèles français et allemands se taillant la part du lion (de Sochaux). « Le paraître est très important en Slovénie, logement et voiture sont deux signes extérieurs de richesse qu’il convient de soigner » nous confie Gorazd, l’un de nos hôtes. La Renault Scénic grise métallisée vit aujourd’hui une seconde vie de l’autre côté des Alpes.
Un homme pressé
On est arrivé à Ljubljana, la capitale de la Slovénie, en pleine heure de pointe. Vendredi matin, 8h, les garçons de café lancent un café d’une main tout en prenant une commande de l’autre, le vacarme des klaxons fait sursauter les grands mères promenant leur toutou, les employés de boutique nettoient leur perron à grand coup d’eau, les rues débordent de cadres courant pour rejoindre leur bureau, les taxis font des queues de poisson aux bus pour déposer leurs clients. Euh, m’enfin, je dois me tromper de capitale, on parle de Ljubljana là. Donc je reprends : 8h du mat, pas un chat dans les rues, quelques pelés au café du coin, pas pressés que celui-ci refroidisse dans leur tasse. 9h du mat, pas mieux. 10h du mat, arrivée d’un bus de japonais, qui envahit le triple pont central, l’attraction principale de la ville. Un ours blanc s’ébroue en dandinant des fesses au grand bonheur des touristes, les pigeons se mettent à roucouler. Ljubljana s’éveille.
Va y avoir du sport
Il paraît que les Slovènes sont des grands sportifs : des skieurs de haut niveau, des hockeyeurs et des basketteurs évoluant dans les prestigieux championnats américains, des volleyeurs presque sur le toit de l’Europe il y a quelques jours, … tout cela pour un petit pays de deux millions d’habitants. D’ailleurs 24% des slovènes déclarent ne pratiquer aucun sport (il n’y a que les pays scandinaves qui font mieux), contre 35% des français, selon une étude européenne. On peut aussi parler des victoires de Primoz Roglic, la nouvelle star du cyclisme slovène, qu’on nous rappelle bien volontiers sur la route. De notre côté on a beau expliquer que Thibaut Pinot était sûrement le meilleur grimpeur du Tour de France cette année, les résultats sont là : on doit s’incliner à la pédale.
J’étais sur la route
Mettons ce retour d’expérience dans son contexte : nous sortons de 3 pays (Suisse, Allemagne et Autriche) réputés pour leur politique pro-vélo, leur multitude de pistes cyclables loin des grands axes routiers. Alors oui, quand on arrive en Slovénie et que l’on doit à nouveau partager la route avec les voitures et les camions, routes montagneuses sans bas côté, quand on enchaîne de courts murs entre 14 et 18% qui nous font rouler à 4 km/h debout sur les pédales, alors oui la cohabitation avec les automobilistes pourrait ne pas être toujours au beau fixe. Surtout que le taux d’accidents routiers est ici deux fois plus élevé qu’en France. A partir de là, deux avis divergent : le mien, qui catalogue les rares braillements des automobilistes dans le rayon « encouragement », et celui de Berga :o)
Petit pays …
La Slovénie, c’est à peu près le tiers de la surface de l’Occitanie et le tiers d’habitants. Quand on rentre dans le pays, au vu des grands panneaux d’affichage, on a vite compris qu’on cherchait à nous aiguiller sur trois sites touristiques : les grottes de Postojna à parcourir en petit train, un joli lac alpin (de Bled) dans le nord-ouest du pays et le château médiéval de Predjama. L’Ariège n’a pas à rougir avec la grotte de Niaux, l’Etang de Soulcem et le château de Montségur. L’avantage qu’on ne peut nier à la Slovénie est qu’il est bien plus facile de trouver un Slovène parlant anglais qu’un Ariégeois parlant sans grogner … et que les ours sont ici un produit authentiquement local !
Dernières nouvelles …
… de mon réchaud : j’ai accepté hier de dire au-revoir à mon réchaud, qui m’a accompagné pendant 19 années de pérégrinations, défiant toutes les lois de l’obsolescence programmée … Tout le monde s’en fout, mais bon c’est comme ça, on finit par s’attacher aux choses.
… de Nono enfin : ben notre petit Nono est tout raplapla, cloué par un bon virus qui lui embrume gorge et poumons, et lui a cassé la voix. Du coup c’est pause et recharge des accus pour tout le monde. On se fait héberger très gentiment dans un petit village non loin de Ljubljana, près d’un poêle qui réchauffe des nuits devenues bien fraîches. On attend donc que le monstre se remette sur pattes – on a bien besoin de lui et de ses hurlements stridents au point de rosée pour faire fuir tous les ours slovènes qui oseront s’approcher de nos futurs campements.
Merci pour votre jolie carte qui nous a fait grand plaisir. Nous suivons vos aventures et apprécions vos belles photos. Bonne continuation à vous 3. Nous vous embrassons. Un gros bisou pour Nono..