GEOGRAPHIE ET CLIMATOLOGIE DU CYCLISTE
Un mois au Vietnam, ça laisse le temps de se sentir chez soi : comprendre quelques mots facilement, savoir se repérer pour les courses ou les hébergements, calculer rapidement le taux de conversion des produits du Dong vers l’Euro, conduire comme tout le monde, manger ce que l’on veut vraiment …
Mais voilà : un mois, c’est aussi la durée de notre visa au Vietnam, et donc c’est le moment de quitter le pays, pour mieux y revenir dans quelques semaines, peut-être … Le passage de frontière vers le Laos se fait normalement, plus facilement que lors de notre voyage précédent en 2013 où les douaniers nous avaient lourdement sollicité pour obtenir quelques dollars supplémentaires de bakchich. Nouveau coup de tampon sur nos passeports, 30 jours autorisés sur le territoire laotien … et l’assurance d’un trafic nettement moins important sur les routes !
Car le Laos est un pays bien moins développé que le Vietnam, peu peuplé et encore très sauvage par endroit. On se croirait revenu en Afrique, quand on roulait entre la Zambie et le Malawi, avec de longues lignes droites et une végétation cuite par le soleil, de rares villages avec des baraques « tôle sur bois », des enfants noirs de poussière, parfois tout nus, courant le long des routes en nous criant « Sabaïdeeeee » (Bonjour !).
Pour les voyageurs que nous sommes, c’est le retour dans un mode routard presque oublié, avec un confort réduit. Première conséquence : des hébergements moins réguliers, qui nous poussent à faire des journées plus longues (500km en une semaine, notre record). Les « guesthouse » de village sont basiques, à la propreté souvent douteuse et aux services quasi-inexistants : à 5-6€ la nuit et au vu du dénuement du voisinage, c’est difficile de demander mieux. Dans les « grandes villes » (on n’en a croisé une seule, Thakhek, 40000 habitants), c’est un peu plus achalandé avec quelques hôtels classiques et deux-trois auberges de jeunesse avec dortoirs.
Deuxième conséquence, nos repas : bye bye les restaurants midi et soir ! On achète de quoi pique-niquer sur les marchés (riz collant, tomates, concombres, brochettes de viande, pains), plus quelques soupes chinoises et bananes de secours pour le soir.
Et puis il y a le temps, plus précisément la température qui met à mal notre cool-attitude de vacanciers. Une nouvelle vague de chaleur s’est abattue sur l’Asie du sud-est et elle chamboule notre quotidien. On part de plus en plus tôt le matin (7h30), on se tartine de crème solaire indice 50, on stocke des litres d’eau que l’on vide à grandes lampées pendant la journée. Après la pause déjeuner vers 11h, passée sous un arbre ou sous un abri en bord de route, on reprend difficilement nos vélos pour une paire d’heures. Cramés par le soleil et la chaleur, on finit alors par trouver un hébergement, où on se douche à une eau froide bienvenue et on s’enferme dans la chambre en attendant que la température redescende (34 à 37° dans l’après-midi) … Jéjé souffre, grogne puis s’endort pour reprendre de l’énergie. Pendant ce temps là Noah ne tient pas en place : il n’est pas fatigué, bien au contraire, il a besoin de se défouler à la vue de tant d’enfants dans les environs.
COMMENT ON COMMUNIQUE ?
L’anglais n’est pas très courant dans la pampa laotienne, le français est parfois baragouiné et le laotien compliqué à comprendre que ce soit de façon sonore ou écrite. Donc on se débrouille, plutôt avec les mains.
ON Y FAIT QUOI ?
Sur notre trajet, on croise bon nombre de camions qui nous donnent des billes sur les productions locales. Et c’est très divers : nourriture (riz, pastèque, banane, canne à sucre, manioc, …), bois pour les usines de papier gérées principalement par les chinois (ce qui contribue largement à la déforestation du Laos), minerais (or, cuivre) et des raffineries de pétrole, aussi tenues le plus souvent par les voisins de l’Empire du Milieu. Et puis il y a de nombreuses carrières et usines de cimenterie … quant à savoir où vont tous ces matériaux, c’est un mystère au vu du peu de constructions au Laos ! Peut être pour construire la controversée ligne de train à grande vitesse que les Chinois sont en train de réaliser ici, reliant la Chine à Singapour.
LA TRADITION DU COIN
La population vit beaucoup à l’extérieur des habitats, ce qui nous donne l’occasion de répondre à leurs sourires, leurs salutations et leurs encouragements. Car tout le monde aime montrer ses dents ici : même les mains dans le cambouis en train de réparer sa moto en bord de route, le Laotien trouvera un moment pour nous adresser un salut ponctué d’un large sourire. Dans les villages, les mamas s’amusent à attraper Noah dans leurs bras et font semblant de l’embarquer avec elles … seul Noah reste de marbre face à ce geste convivial, avec une pointe d’inquiétude dans les yeux . Par contre, comme au Vietnam, les déchets ne sont pas traités ; alors quand on vient jeter les poubelles sous mes yeux pendant le coucher du soleil sur le Mékong … je rage en silence !
QUEL ACCUEIL ?
Dans les villages à notre halte du soir, une ribambelle d’enfants vient quasiment toujours apprivoiser Noah avec différentes stratégies, de la course poursuite à la virée en mobylette électrique, en passant par une partie de ballon ou celle de chat perché. Noah est ravi, rouge de sueur et finit toujours épuisé au coucher du soleil. Et nous, enchantés d’avoir à le laisser gambader … en appréciant le moment de repos après notre journée à bicyclette !