Ma vie en roue libre

Du fond de ma carriole, je vous écris ces quelques mots, histoire de participer à l’effort familial. Ne vous étonnez pas que je vous parle déjà comme un adulte, car dans mon cerveau, tout fonctionne déjà comme un adulte … moi je le sais, il n’y a que les autres qui ne s’en sont pas aperçus. Par contre pour l’instant mon physique ne suit pas, mais ça, ça attendra quelques années, je ne peux rien y faire.

Donc cela fait près d’une semaine que ma vie de voyageur se passe entre la carriole, les déjeuners/goûters/dîners, les parcs de jeux, la piscine, les nouvelles rencontres tous les jours, la tente, avec mes parents à disposition quasi 24/24. Je ne savais pas que la vie avait ce parfum là, il faudra que je m’en souvienne plus tard.

Pour vous dire que devant ça a l’air de bien s’éclater, Papa pédale, transpire, je le soutiens dans les montées avec mes « Allez Papa », histoire de le rendre fier … et lui donner un peu d’énergie. Car il faut être franc, cela n’avance pas bien vite. Maman, toujours aussi attentive, vient souvent aux nouvelles, me demande comment ça va … Alors je vois bien qu’il faut que je donne aussi un peu du mien : je chante, je raconte des histoires, j’ouvre des livres en racontant ce qu’il s’y passe, et surtout en essayant de me souvenir des histoires qu’on m’en a racontées, je lance des jeux avec mes parents « Le premier qui voit un animal … », « Devinez quel animal j’imite … » … Et puis je dors beaucoup. Pas que je m’ennuie, mais il faut que je garde de l’énergie pour quand on s’arrête !

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Car quand on s’arrête, c’est mon tour de mener la danse. Baignade en piscine, lac ou rivière, coloriage, balle au pied ou à la main, courses, cache-cache, et plein d’autres jeux … D’ailleurs dans la série « Papa croit me blouser », il m’a appris à jouer à la pétanque à la dernière fête de Bouan le 15 août. J’ai compris les subtilités du jeu en un après-midi, je croyais qu’on allait passer à autre chose. Ben non, il m’impose quasiment tous les soirs une partie de pétanque « rustique », qu’on joue avec des boules piquantes, des « châtaignes » il paraît. Je l’ai laissé gagné le premier soir, croyant que ça allait flatter sa vanité de père. Hier et avant-hier, il a remis ça : là je ne l’ai pas loupé – je l’ai laissé prendre de l’avance jusqu’à 4 (nos parties sont en 5 c’est aujourd’hui la limite de ce que je sais compter sur les doigts d’une main), et puis je l’ai à chaque fois achevé avec quelques coups qu’il n’a pas vus venir. Je vous promets qu’à voir sa tête, même s’il me laissait un peu remonter au début, il a jeté à chaque fois toutes ses forces dans le dernier jeu … sans succès. Il fallait voir sa mine à la fois penaude et fière lorsqu’il se retournait vers maman pour raconter la partie. J’espère enfin l’avoir refroidi sur le sujet. Qu’on passe à autre chose, je n’ai pas une jeunesse à perdre à lancer des boules lisses ou piquantes.

Sinon cela fait quelques jours que j’attire les bêtises, il paraît que c’est dû à mon jeune âge : mardi je me suis fracassé la tête sur le bitume (la faute à un cerveau trop lourd, c’est comme ça depuis ma naissance), deux entaillettes sur le haut du front en récompense. Mercredi j’ai joué avec une guêpe : moi j’avais compris en lisant les Schtroumphs qu’elles étaient de petits insectes presque inoffensifs … mais celle là m’a sauvagement piqué entre le pouce et l’index ! Mais quand enfin on me racontera la vérité comme aux adultes pour que j’évite ce genre d’aventures ! En tout cas, mamie-Odile-des-chats, merci pour la trousse de secours, elle m’a presque sauvé !

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Bon je continuerai à vous donner quelques nouvelles du fond de mon carrosse, histoire de contre-balancer la vérité que les adultes croient toujours détenir !

Bisous avec de la baaave à toutes (surtout) et à tous
Noah, surnommé affectueusement (tout ce qu’on doit endurer nous les petits …) Nono par ses parents

PS : on est arrivé ce soir chez Pierre-André, enfin dans le village de Gignac – désolé, « l’humour » de Papa finit par déteindre sur moi !